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Un Centre d’Interprétation à Navarrenx: “Si NAVARRENX m’était conté…” 
Le Centre d’interprétation de Navarrenx a pour vocation de valoriser et de rendre accessible le patrimoine et la culture spécifiques de la ville et de ses environs à tous les publics. Cette démarche se traduit par la présentation de collections, de maquettes, de plans qui permettent d’établir l’histoire et l’évolution de la cité des origines à nos jours. Les aménagements scénographiques sont réalisés par la Cie des Echarpes Blanches en association avec le C.H.Ar
Une position stratégique :
L’existence de Navarrenx est attestée depuis le 1er siècle de l’ère chrétienne mais l’histoire de la ville commence avec le règne du vicomte Centule IV le vieux (1022-1058) qui fait agrandir la ville. Implantée à proximité d’un gué du gave d’Oloron en zone frontière entre le Béarn et la Soule, la ville occupe une position stratégique forte et contrôle un axe de circulation important. Passée sous le contrôle des vicomtes de Moncade, elle prend de l’importance sous les règnes des vicomtes Gaston VI et Gaston VII Moncade qui la dotent de ses équipements les plus importants. Gaston VI en 1180 y prescrit la construction d’un pont en bois, d’une commanderie d’Hospitaliers, d’un hôpital pour l’accueil des jacquets et d’une chapelle Saint-Antoine. Gaston VII Moncade annexera la Charte du pont de Navarrenx aux Fors de Béarn le 14 juillet 1289 et fera construire la Casterasse, structure fortifiée et entourée d’une enceinte, protégeant le pont.
La Bastide de Navarrenx :
En 1316, le bourg médiéval reçut le statut de bastide et par conséquent le bénéfice du Fors de Morlàas, la charte de la capitale de Béarn des XIe et des XIIe siècles, conférant à ses habitants la liberté et divers privilèges. Ce statut de bastide permit une organisation municipale avec des jurats, des gardes, (chargés de la sécurité publique) et des clavers (trésoriers ou garde-clés) choisis par les habitants. Navarrenx s’entoure alors de fortifications et son urbanisme est planifié : la bastide est constituée.
La Bastide est une ville neuve du Moyen Age. Navarrenx est une des cinq bastides dont la fondation est ordonnée par la vicomtesse Marguerite, la troisième fille de Gaston VII Moncade. Elle est l’ordonnatrice de la charte de fondation datée du mois d’août 1316.
« Qu’il soit connu de tous que nous, Marguerite, par la Grâce de Dieu comtesse de Foix, vicomtesse de Béarn et de Marsan, octroyons et donnons en notre nom et en celui de tous nos successeurs avec leur descendance (aux) colons (poblans) de la bastide de Navarrenx qui sont présents ou qui le seront en tout temps, pour toujours, les fors et coutumes de la ville de Morlaas »
Le statut de bastide donne en partie l’identité de la ville de Navarrenx actuellement. Outre les libertés personnelles données, le statut de bastide a un réel impact sur l’urbanisme de la cité. Ceci se traduit par une place de marché centrale, par l’ordonnancement des rues en angle droit, le système lotissement régulier propre au parcellaire des bastides toujours bien visible à Navarrenx en dépit de l’évolution de la cité. Tout comme l’établissement du marché. En effet, la charte de 1289 instituait un marché de 15 jours en 15 jours le mercredi.
Navarrenx, première cité bastionnée de France :
Dès 1510, le roi de France avait entrepris de rénover ses forteresses en Aquitaine. C’est à cette époque que les villes de Bayonne, Dax et Bordeaux furent réaménagées. Tous ces travaux étaient inspirés et parfois même dirigés par des architectes venus d’Italie, à l’instar d’Anchise de Bologne notamment. Toute une génération d’experts transalpins, peu nombreux mais influents, remodela ainsi entre 1535 et 1540 les places fortes françaises. L’un d’entre eux, Fabrizio Siciliano, fut choisi par Henri II d’Albret, roi de Navarre et souverain de Béarn en 1538. Compagnon de François 1er lors des campagnes italiennes il avait compris l’intérêt de moderniser ses équipements militaires. Il charge Siciliano de reprendre la fortification de la ville de Navarrenx dont il voulait faire la place forte du Béarn face à la Navarre espagnole et la proche Soule française. Aux hautes tours médiévales, vulnérables à l’artillerie, les ingénieurs italiens préféraient les « boulevards » ou bastions. Les formes rondes cédèrent la place aux angles et les masses de terre entrèrent en concurrence avec la pierre et la brique. Achevée dès 1549, Navarrenx, avec son dispositif de remparts dits «élastiques », appuyés sur de forts talus et son système d’angles saillants protégés par des bastions, et demi-bastion à simple face ou à orillons, sans être révolutionnaire, représentait un exemple d’architecture militaire à peu près unique en France au début du XVIe siècle.
Même si les Béarnais n’ont pas connu les affres des guerres civiles qui secouèrent la France pendant presque un demi-siècle, ils ont subi l’invasion française de 1569. Le conflit a été marqué par le siège de plus de deux mois de Navarrenx, cité fortifiée et dernier rempart contre les invasions, puis les affrontements sanglants d’Orthez. Le capitaine Terride placé en 1569 à la tête de troupes catholiques par le roi de France désireux d’annexer l’État souverain protestant de Béarn alors gouverné par Jeanne d’Albret, lorsqu’il assiégea Navarrenx, éprouva la qualité défensive de la citadelle qu’il ne put soumettre en dépit des 1800 charges d’artillerie qui en battirent les remparts. Et au final Navarrenx permit aux forces béarnaises de Jeanne d’Albret, commandées par le baron d’Arros, de conserver leur indépendance pour quelques années encore.
En dépit des fortifications, qui ont en partie détruit le bâti médiéval, Navarrenx reste marquée tout à la fois par son statut de bastide mêlé à sa vocation militaire.
Histoire du pèlerinage au CIN

Sur les traces des pèlerins :

L’axe qui traverse Navarrenx devient au XIe siècle la voie majeure du Puy-en-Velay pour les pèlerins de Compostelle.

Situé sur une des routes conduisant vers les cols pyrénéens et le grand pèlerinage médiéval de Santiago, Navarrenx a donc un hôpital pour accueillir ces voyageurs et permettait de franchir le gave, d’abord par une passerelle, puis par un pont dont Gaston VII Moncade (au milieu du XIIIe siècle) jeta les bases comme pour ceux de Sauveterre et d’Orthez.

Aujourd’hui encore cette culture jacquaire est très forte à Navarrenx qui reçoit près de 11000 pèlerins par an.

Ville militaire et de garnisons :
A partir du XVIe siècle, Navarrenx conserve sa position de ville militaire et de garnison. Elle subit de nouveaux aménagements avec la construction de casernes et l’édification d’un arsenal important.
Mais en 1814 le blocus de la cité par une division espagnole de l’armée de Wellington poursuivant celle du Maréchal Soult dans sa retraite d’Espagne, ont révélé la faiblesse de la cité bastionnée par rapport à l’évolution des techniques de siège et d’artillerie. Son rôle dans la défense de la frontière espagnole était devenu négligeable car elle en était trop éloignée.
C’est ainsi que le déclassement militaire de la ville fut prononcé en 1868 par ordre impérial et que la ville se vida de ses garnisons.

Personnages historiques
Parmi les personnages qui ont marqué l’histoire et le patrimoine de la ville de Navarrenx ou la proche région, on peut citer le baron Bernard d’Arros, lieutenant de la Reine de Navarre, lors du siège de Navarrenx en 1569, le Docteur Prosper Darralde, médecin de l’Impératrice Eugénie de Montijo (1804-1860) à qui l’on de très belles reproductions de tableaux de Maître, visibles à l’Eglise, mais on doit aussi à son fils le bel hôtel particulier qu’il a légué à la Commune.
Plus récemment on n’oubliera pas le parcours courageux du gendarme résistant Pierre Cazemajor, pendant la seconde guerre mondiale.
D’autres personnages de réputations internationale peuvent être cités, comme le Professeur de sociologie Henri Lefebvre, Pierre Hourcastrémé philosophe et savant, Bertrand Dufresne cagot au destin exceptionnel.
Tout près à Ogenne-Camptort, on peut citer Pierre Palassou savant minéralogiste et le Chanoine Laborde historien régionaliste.
Mais peut-on passer sans dire que le plus célèbre des gouverneurs de la Place forte, fut un certain d’Artagnan : le frère du héros du roman d’Alexandre Dumas: Paul de Batz de Castelmore.. tandis que dans sa fin de carrière, notre truculent mousquetaire Porthos était Maître des Poudres à Navarrenx.

Voir: https://char-navarrenx.fr/categorie-produit/librairie-char/

Navarrenx, capitale de la pêche au saumon:

La vallée du gave d’Oloron est connue pour la richesse des rivières en salmonidés, en raison de la pureté des eaux des gaves très oxygénées.

De tout temps le saumon constituait une base de l’alimentation des populations riveraines. A la fin du Moyen-Age, le commerce du saumon donnera un sérieux coup de pouce à l’économie de la cité de Navarrenx. Louis XIV déclarera le saumon “poisson royal”. En 1920, le Cercle Anglais de Pau aura la gestion des gaves et amènera la pêche au lancer, interdisant toutes les machines à pêcher. La pêche à la ligne connaîtra son essor dans les années 50-60.

Une station de contrôle des migrateurs est installée à l’usine hydroélectrique Masseys de Susmiou, avec une passe à poissons et un local d’observation permettant comptage et identification des poissons depuis 2011.

Après un concours national du plus gros poisson dans les années 30, un championnat d’Europe de pêche au saumon est lancé en 1955… pour devenir mondial en 1958 grâce à des pêcheurs navarrais passionnés et performants!

Quand Navarrenx avait son “port fluvial”…

Les forêts françaises fourniront du bois d’oeuvre pour la Marine Royale, en exclusivité dès 1670: les forêts de la vallée d’Aspe jusqu’en 1783 et la vallée d’Ossau jusqu’en 1792 et le bois était charrié par la gave d’Oloron. Sur son parcours, Navarrenx sera la première halte, avec changement d’équipage.
Les troncs seront acheminés par charrois de boeufs jusqu’au port d’Athas, créé spécialement. A la fonte des neiges (entre mars et juillet), ce sont 10 radeaux par jour, pour arriver à 300 par an, qui passeront par Navarrenx, avec 6 hommes par radeaux sur le gave torrentueux…
Athas-Navarrenx sera l’étape la plus dangereuse avec des passages de digues par des passelis (glissières en pente plus ou moins douce). Les radeleurs passeront le relais à ceux de Navarrenx et rentreront à pied en deux jours.
La deuxième étape Navarrenx-Peyrehorade sera difficile car plus étroite et rapide tandis que la troisième jusqu’à Bayonne devra éviter les bancs de sable. A Bayonne, les troncs seront chargés sur des bateaux à direction des ports de la Marine Royale.
Les sapins fourniront les mâts, les hêtres serviront pour les avirons et poutres tandis que le buis en bois plus dur sera travaillé pour les essieux et les poulies.
Les habitants de Navarrenx seront réputés bons radeleurs jusqu’à Peyrehorade… pour rentrer à pied également… et relayer le prochain convoi.
https://www.centrecultureldupaysdorthe.com/l-eau-en-pays-d-orthe/la-batellerie/le-radelage-2/