Lay-Lamidou

Situation générale
Un petit village au pied des collines, face aux Pyrénées. Situé sur la rive sud du Layou, ruisseau né à Lucq-de-Béarn et qui se jette dans le gave d’Oloron à Jasses, Lay-Lamidou se trouve sur la D 27 à 5 kilomètres de Navarrenx. C’est un des villages les plus au Sud-Est du canton de Navarrenx. S’étendant sur 547 hectares il comprend deux parties bien distinctes : – le sud du Layou, constitué par la plaine du gave d’Oloron, qui se trouve à 150 mètres d’altitude, et où se trouvent les habitations, les prairies et les champs de maïs, – le nord du Layou constitué par une crête qui atteint 189 mètres d’altitude, et où passe la D 27 de Navarrenx à Monein, zone des communaux occupée autrefois par les touyas, fougères et forêts. Aujourdhui, en partie défrichée pour la prairie et le maïs, cette partie ne contient aucune habitation

Lay-Lamidou compte 123 habitants, soit environ 25 au kilomètre carré.

La signification du nom est assez controversée : l’hypothèse la plus communément admise est que le mot “Lay” est un patronyme, tandis que le mot “Lamidou” pourrait venir de “Lar”, maison, et de ” mito” ou “mitoo”, situé au milieu.

Repères historiques

C’est le 18 avril 1842 que nait la commune de Lay-Lamidou, par un Ordonnance du roi Louis-Philippe. Mais, comme pour beaucoup de communes regroupées de la région, les études avaient commencé sous la Convention en 1793.

Avant la révolution Lay et Lamidou étaient deux communautés, mais avec une seule église et un seul curé. Leur dépendance était cependant bien distincte puisque Lay faisait partie de la Seigneurie d’Oroignen qui comprenait Lay, Préchacq-Navarrenx, et Oroignen (aujourd’hui partie de Dognen), tandis que Lamidou dépendait de l’abbaye Saint Vincent de Lucq de Béarn.

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Les origines

Comme pour beaucoup de villages de la région, on ne sait pas grand-chose des origines de Lay-Lamidou. Sur son territoire on a fait des découvertes préhistoriques isolées, le Turon des Maures est sans doute un site protohistorique, et on a aussi le témoignage d’une occupation à l’époque gallo-romaine vers le Ier ou le IIème siècle de notre ère : tessons d’amphore, tessons de céramique, morceaux de tuiles, un pied de coupe, du verre antique…
Plus près de nous est évoqué un chemin de Saint Jacques venant depuis Maslacq, par Vielleségure et Ogenne-Camptort, passant par Lay, où aurait existé un prieuré, et allant vers L’Hôpital Saint Baise…

Les premiers texte

Les premiers textes relatifs au village datent de 1150, il s’agit de documents du cartulaire d’Oloron, puis du tout début du 13 ème siècle ( Marca, Histoire du Béarn, et cartulaire de Lucq de Béarn) Cependant le document qui nous fait vraiment découvrir le village est le dénombrement de Gaston Fébus en 1385 : Lay compte alors 23 feux et Lamidou 8, soit, en comptant 4 ou 5 personnes par feu, environ 120 à 150 habitants, en gros la population actuelle. Il existe à cette époque un “domenjer”, petit noble dont la maison n’est pas fortifiée.

L’abbaye laïque

Les documents deviennent plus abondants à la fin du 15ème siècle, surtout pour Lay. On y voit l’organisation seigneuriale : existence d’une Abbaye laïque dont le titulaire appartient à une branche de la famille de Navailles juqu’à la fin du 16 ème siècle, pour passer ensuite à la famille de Mesplès, seigneurs de Susmiou et d’Aren, et enfin à la famille d’Abbadie de Gurs. Le Béarn possédait de nombreuses abbayes laïques, leur titulaire n’était pas un membre du clergé mais seulement le possesseur des dîmes et impôts d’église.. La maison abbatiale se trouvait près de l’église et du Layou, elle a peut-être été détruite lors des guerres de religion puisque sa présence est affirmée par un texte de 1546, tandis qu’elle est déclarée n’existant plus depuis longtemps en 1672.

La Seigneurerie d’Oroignen

La Seigneurie d’Oroignen dont faisait partie Lay apparaît dans les documents en 1488 avec la famille de Méritein-Esgoarrabaque. Elle passa ensuite à la famille de Sainte Colomme par succession. Cette famille s’illustra au moment du siège de Navarrenx (1569 ), Jacques de Sainte Colomme défendant Oloron pour les catholiques. Cette famille vendit en 1608 la seigneurie à la famille d’Abbadie, de Gurs, Daniel d’Abbadie épousa la fille de M. de Mesplès, seigneur de Susmiou. Il est donc possible que l’abbaye laïque de Lay fit partie de la dot de la jeune épouse puisque qu’elle devint la propriété de la famille d’Abbadie d’Oroignen à cette époque

En 1655 la seigneurie de Lay, Préchacq, Oroignen, plus l’abbaye laïque de Lay furent érigées en baronnie, et la famille d’Oroignen la posséda jusqu’à la fin du 18 ème siècle. Elle passa dans les biens de la famille de Lons vers 1780 au décès de la dernière représentante de la famille d’Oroignen. Quant à l’abbaye laïque elle fut vendue en 1769 à un nommé Daleman, originaire de la vallée d’Aspe, négociant de Bayonne qui, de ce fait, fit partie de la noblesse béarnaise jusqu’à sa mort en 1784. Le titulaire devint alors Jean-Etienne de Perré, ancien receveur de Navarre et Béarn, jusqu’à la révolution.

Après la Révolution

Avec la révolution c’est une nouvelle période qui s’ouvre. La vente des biens de la famille de Lons ne bouleverse pas le village et le cadastre établi en 1810 donne une image extrêmement proche de ce que sera le village pendant tout le 19 ème siècle et même la 1 ère moitié du 20 ème

L’actuelle carte du village bâti est encore très proche de celle du début du 19 ème siècle, ainsi que le nombre de maisons dont le chiffre a toujours été, depuis plus de deux siècles, au voisinage de 50, et ce malgré le déclin démographique

Comme pour le reste de la vallée du gave d’Oloron, l’agriculture évolua d’une agriculture en partie communautaire (compte tenu des impératifs de la vaine pâture) , à une agriculture individuelle qui vit peu à peu, à partir de la fin du 18 ème siècle, les champs se clôturer. Mais la vaine pâture subsista jusqu’après le milieu du 19 ème siècle. Quant à l’élevage il se concentra sur les prairies entourant le village et dans les communaux peu à peu mis en valeur

Le déclin démographique

Comme pour beaucoup de villages béarnais et basques, Lay-Lamidou a été touché par le déclin démographique.

A l’approche de la révolution Lay-Lamidou compte environ 300 habitants, le maximum est de 306 habitants au recensement de 1806 ( mais les chiffres sont à prendre avec précaution ), elle est encore de 284 en 1886, mais de 256 en 1891, 240 en 1896et 235 en 1911.

Que s’est – il passé?….l’émigration

La raison essentielle du déclin démographique est l’émigration vers l’étranger, surtout l’Argentine et la Californie

Ce phénomène apparaît au village en 1851, puis s’amplifie peu à peu pour atteindre son maximum entre 1880 et 1910

Jusqu’à présent plus de 90 départs ont été recensés, concernant quasiment toutes les familles du village. Mais ce chiffre est certainement inférieur à la réalité car les jeunes hommes devaient parfois partir clandestinement à cause du service militaire. De plus, ne peuvent être retrouvées que les personnes parties avec l’aide de l’agent d’émigration de Navarrenx dont nous possédons les listes des départs.

La première guerre mondiale et l’exode rurale

Vint ensuite une deuxième cause de déclin, la première guerre mondiale. La conjonction de cet événement avec l’émigration explique les 186 habitants de 1921. : entre 1879 (année de naissance des plus des hommes les plus âgés ayant participé à la 1 ère guerre mondiale) et 1898 (année de naissance des plus jeunes hommes ayant participé à la 1 ère guerre mondiale) on dénombre 21 hommes ayant émigré et 14 qui ont été tués à la guerre.

L’exode rural de l’après 2 ème guerre mondiale fit se poursuivre le déclin : 144 habitant en 1946, 100 en 1975. Ce n’est qu’après cette date, avec le retour de certains habitants et l’arrivée des néo-ruraux, que le flux s’est inversé pour en arriver au chiffre actuel.

Le problème est de savoir si les enfants et les jeunes d’aujourd’hui trouveront du travail dans la région, si oui on peut penser que la remontée durera, si non il est à craindre que le déclin ne reprenne, surtout que 1/3 des habitants a plus de 60 ans.

Le village aujourd’hui

La population: sur les 130 habitants 75 sont originaires du village, 25 sont nés dans le département, 30 viennent de 17 départements différents. Les écoles et l’université comptent 25 petits et jeunes Layais

Les catégories socio-professionnelles: le village compte 45 actifs, 7 agriculteurs, 33 salariés, 5 artisans et commerçants, et 41 retraités…….. Le tourisme est représenté par 2 chambres d’hôtes et un gîte de pêche.

La patrimoine:

– La quasi totalité des maisons sont des béarnaises des 17 ème , 18 ème et 19 èmsiècles, 53 sont habitées, plus un gîte et une résidence secondaire

– L’église est du 16 ème siècle, rebâtie au début du 17 ème siècle, elle est dédiée à saint Pierre,

– Pont sur le Layou à Lay, une arche sur la rivière et une arche sur le canal d’un ancien moulin

– Pont muletier sur le Layou à Lamidou, appelé « pont romain », à proximité de l’ancien moulin.

– Le Turon des Maures : c’est une enceinte fortifiée en terre, de forme ovale, érigée sur une colline. On ne connaît rien de son origine, sa construction peut dater du haut Moyen Age ou de l’époque romaine ou même antérieurement. De nombreuses constructions similaires existent en Béarn dans le piémont.

Le Turon de Lay-Lamidou est le plus grand du Sud-Ouest avec 247 mètres de long sur 93 mètres de large, soit une superficie d’environ 2 hectares et demi. Malgré son nom il n’aurait rien à voir avec les Maures des invasions arabes, leur trajet d’invasion se situant plus à l’Est.